Vingt-sept jours. C’est le temps qu’aura passé Sébastien Lecornu à Matignon. Avec sa démission ce lundi matin, la Ve République vient d’enregistrer le mandat de Premier ministre le plus bref de son histoire. Une crise politique sans précédent s’ouvre désormais, alors que le pays doit impérativement adopter un budget avant la fin de l’année.
Un départ brutal qui fragilise l’exécutif
La décision de Sébastien Lecornu, survenue à peine quelques heures après la nomination de son gouvernement, plonge l’exécutif dans une période d’incertitude. Emmanuel Macron se retrouve désormais sans chef de gouvernement, sinon pour expédier les affaires courantes. Tous les regards se tournent vers l’Élysée : que va faire le président de la République selon Ouest-France ?
Scénario 1 : un nouveau Premier ministre rapidement nommé
La première option serait de reconduire Sébastien Lecornu dans ses fonctions, en lui demandant de recomposer une équipe gouvernementale plus stable. Juridiquement possible, cette solution semble politiquement improbable après une telle désillusion. Reste donc la perspective d’un huitième Premier ministre en huit ans de présidence Macron. Problème : les candidats se font rares. À gauche, certains se disent prêts à relever le défi, sans garantie d’obtenir une majorité à l’Assemblée nationale.
Scénario 2 : un gouvernement technique pour éviter le blocage
Face à l’impasse politique, l’idée d’un gouvernement « technique », composé de personnalités indépendantes, fait son chemin. Ce type d’exécutif aurait pour mission principale de garantir le vote du budget avant le 31 décembre — une urgence absolue pour éviter la paralysie de l’État. Une telle formule permettrait de « sauver les meubles » en attendant un déblocage institutionnel.
Scénario 3 : une dissolution de l’Assemblée nationale
L’hypothèse d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale revient avec insistance. Le Rassemblement national, porté par Jordan Bardella, en fait même son cheval de bataille. Mais les sondages récents ne laissent entrevoir aucun bouleversement majeur : la recomposition politique actuelle perdurerait, sans majorité claire. Une dissolution « pour rien », selon plusieurs observateurs, qui risquerait surtout de retarder encore davantage le vote du budget.
Scénario 4 : la démission du président
Officiellement, Emmanuel Macron écarte toute idée de démission. Réélu en 2022, il entend terminer son mandat jusqu’en 2027. Mais la pression politique et sociale monte. Le maire de Cannes et président de l’Association des maires de France, David Lisnard (LR), appelle désormais le chef de l’État à « mettre fin à l’impasse » :
« L’intérêt supérieur de la France commande aujourd’hui qu’Emmanuel Macron programme sa démission. C’est la seule voie pour préserver nos institutions et débloquer une situation devenue intenable », plaide-t-il.
Dans le même esprit, Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, a exhorté le président à s’adresser rapidement aux Français :
« Qu’il parle, bon sang ! »
Une parole présidentielle attendue
La France retient son souffle. Entre reconduction improbable, gouvernement technique, dissolution risquée ou démission impensable, Emmanuel Macron doit trancher. Dans un climat politique déjà tendu depuis la dissolution de juin 2024, le chef de l’État joue plus que jamais sa crédibilité et l’équilibre institutionnel du pays.